Profession : goalkeeper

Plus connu sous le nom de gardien de buts, le goalkeeper reste encore aujourd’hui un poste discret dans le football gaélique. Ses arrêts face à un attaquant qui frappe à 2m de distance sont souvent spectaculaires et inespérés, il devient passeur décisif quand il allonge un dégagement de 70m, n’a plus que ses yeux pour pleurer quand l’équipe adverse décide de ne planter que des points. Force est de constater que le gardien de buts est rarement étranger au résultat de son équipe.

Interviews croisés du dernier rempart de l’équipe, avant les 3 points concédés.

 Charlotte Besson, toucanette, est présidente du Gwened Vannes Football Gaélique, et la toute nouvelle gardienne de l’équipe de Bretagne.

equipe bretagne feminine

Thomas Cambernous, qui n’hésite pas à déménager ses coéquipiers sur les ballons aériens, est le gardien de but champion de France avec le Tolosa Gaels.

gardien toulouse

Comment tu en es venu au football gaélique et surtout comment tu en es arrivé à pourvoir ce poste de gardien de but ?

Charlotte : J’ai commencé le foot gaélique en avril 2012. Des amis m’ont demandé si je voulais essayer ce sport, aimant en général tous les sports. Alsacienne d’origine,gardien2 j’avoue que le concept m’intéressait particulièrement. Après un entraînement, me voilà emballée, mais surtout le club de Vannes et son ambiance. La mixité a également était un argument de choc pour que j’y reste.

Pour le poste de gardienne de buts, cela s’est décidé cet été. Une équipe féminine de Bretagne s’est montée pour jouer dans le cadre du festival interceltique. Anna Marie (Rennes), notre coach (avec Pearse Bell son adjointe, Vannes) m’a permis d’intégrer cette équipe. Afin de constituer une dynamique d’équipe, nous avons fait des entraînements cet été. Anna Marie a alors estimé que j’attaquais bien la balle, que je n’en avais pas peur et que le poste de gardienne pouvait me correspondre.

En équipe mixte, je joue plutôt en défense. J’ai accepté et me suis finalement éclatée. Lors des entraînements, je vais du coup parfois à ce poste.

Thomas : je suis « tombé » dans le foot gaélique grâce à ma copine (Sarah Graham, présidente de Toulouse). Elle est à l’origine de la création du club avec d’autres irlandais en 2010. Par contre, je suis un footeux à la base (25 ans à 11, à 7, en salle) donc je suis tout d’abord resté en retrait du gaélique. Mais pendant ces années j’ai énormément côtoyé les irlandais de Toulouse, j’allais voir quelques matchs de gaélique et tout le monde me disait de venir essayer, que j’étais dans « l’esprit » du gaélique et que je m’y adapterais rapidement. Puis j’aimais bien aller au pub voir des matchs, l’ambiance y était géniale … Bref, j’ai fini par tenter le coup en septembre 2013.

Pour ce qui est du poste de gardien, plusieurs facteurs sont entrés en jeu : j’aimais bien jouer gardien au soccer aux entrainements (jamais pendant les matchs par contre !!), l’équipe des Tolosa Gaels n’avait pas de gardien, à proprement parlé, depuis la création du club (les joueurs tournaient à ce poste à chaque match) et le fait d’avoir un bon kick-out et de pas hésiter à gueuler sur le terrain (notamment pour commander la défense) sont des choses pour lesquelles je me suis tourné vers ce poste si peu convoité.

Le football gaélique c’est un sport où il y a beaucoup de points et assez peu de buts. Ça n’’est pas trop dur d’être impuissant quand la balle passe au-dessus de la barre ?

Charlotte : peu de buts effectivement, puisque je n’en ai encaissé aucun pour le moment avec les bretons. Il y avait une équipe (défense et attaque) au top qui a empêché les adversaires de trop avancer. Quelques parades ont néanmoins pu stopper le ballon.

Pour les 1 points, c’est sans doute le côté frustrant du football gaélique de ne pas pouvoir l’empêcher. Mais en même temps, ça enlève une forme de pression en se disant que tout ne repose pas sur le gardien.

Thomas : c’est effectivement rageant ! Mais au fil des matchs on se fait une raison. Non par contre, dans les matchs serrés et à enjeu, c’est vrai que le gardien n’intervient pas énormément. Ce qui rend la tâche encore plus difficile car il faut rester concentré et gérer le peu de situations où l’on aura à intervenir.

Vaut mieux avoir les qualités de Fabien Barthez ou Thierry Omeyer pour être gardien de but au football gaélique ?omeyer

barthez

Charlotte : les qualités de Thierry Omeyer ! Souplesse, œil de tigre, perception du jeu …

Thomas : sincèrement, les deux ! Je pense que la folie de Barthez et la qualité de réflexe d’Omeyer font un bon mix. En tant que gardien, quand t’as les attaquants en face qui t’allument à 3 mètres de toute leur force, si t’as pas quelques réflexes tu prendras le but à chaque fois … déjà que ! Et, également, dans les nombreux cafouillages qui peuvent exister dans une surface, ou dans les ballons aériens qui arrivent près des 6 mètres, il ne faut pas hésiter à sortir quitte à dégommer des partenaires, chose que maitrisait assez bien Barthez !

Un des points importants sur ce poste c’est le dégagement. Avec ton équipe vous avez une stratégie mis en place ?

Charlotte : ayant pris ce poste cet été, j’ai appris plutôt sur le tas et notamment le jour J !! Une joueuse de Rennes pouvait faire le dégagement si besoin.  Effectivement, le dégagement permet de redistribuer le jeu et peut entraîner de la pression. Pearse Bell m’a donné quelques conseils pour réussir les dégagements. Les joueuses devaient me faire des appels et notamment une qui était identifiée comme réceptionneur. Finalement, à part 2-3 ratés, ça ne s’est pas si mal passé.

Thomas : carrément, et d’ailleurs elle a fait ses preuves vu qu’on est champion de France en titre. Non, plus sérieusement, il nous arrive effectivement d’essayer de mettre en place des stratégies mais je préfère parler d’adaptation en fait. Chaque adversaire est différent, donc il faut s’y adapter ! Il est clair que si on joue une équipe qui a des midfield / half back plus grand que nous par exemple, il ne sert à rien de mettre des grands coups de pied devant car la balle sera à 90% perdue, ce qui donne une occasion à nos adversaires de remonter le terrain et nous de courir après le ballon, donc d’accumuler de la fatigue et de perdre de l’énergie pour de futures phases d’attaque. Donc passer par des « petits » kick out direct vers nos half back, voire full back, pour relancer de derrière peut être bénéfique. En tout cas, c’est quelque chose que nous travaillons. Et c’est autant dans la direction et la puissance de mes dégagements que dans les mouveFLO_0110 2ments de nos différentes lignes lorsque je m’apprête à dégager (je peux plus trop en dire, mon coach va surement lire cette interview !). Sinon, nous tentons parfois de mettre en place un système de signe, ou alors d’appeler les gens par des surnoms …. mais tout au long d’un tournoi et à force de jouer les mêmes équipes ça commence à se savoir !

Qu’est-ce que tu dirais à un jeune pour l’inciter à s’impliquer sur le poste de gardien de but ?

Charlotte : de s’enlever la pression ! Dans les représentations, ça reste un poste ingrat car si l’équipe perd, on a tendance à retenir que le gardien a été mauvais. Mais ça reste un sport d’équipe. Le gardien reste tributaire du jeu de son équipe, de la défense notamment. A l’inverse, c’est un poste où on peut briller. On a un rôle d’arrêt de but mais aussi d’orienter son équipe car on a la chance d’avoir une visibilité sur l’ensemble du jeu.

Je pense qu’il faut essayer au moins une fois pour voir si le poste convient ou pas. Le poste est assez complet avec des dégagements, des arrêts, la possibilité d’avancer avec la balle, d’attaquer l’adversaire.…

Thomas : qu’être gardien est aussi important que de jouer à n’importe quelle autre place. Avec tous les points (ballon au dessus de la barre) qu’il y a dans un match, le gardien a de nombreuses occasions de relances et de chaque relance part une nouvelle attaque. C’est au final un poste valorisant et la précision ainsi que la maitrise de la puissance du kick-out peuvent amener à une situation de points très rapidement.

Après, je dirais aussi qu’il ne faut pas avoir peur du ballon et d’en prendre un mal placé à bout portant (tête, ventre, …et ainsi de suite en descendant !). En tout cas, moi perso je m’éclate à ce poste.

F.V.

Crédit photos 3 & 7 : Michel Thierry

gardien

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